Rencontres importantes d'O Sensei

Trois rencontres décisives auront une grande influence sur Maître Ueshiba. La première sur l'aspect social, la seconde sur l'aspect technique et la troisième sur le plan spirituel :
MINAKATA Kumagusu qui lui fit prendre conscience de l'intérêt de préserver l'environnement et de considérer le monde comme une unité.
Maître TAKEDA Sokaku qui lui enseigna son art du Daïto-ryu Aïki-jujutsu.
Révérend DEGUCHI Onisaburo fondateur de la philosophie Omoto-Kyo, qui prônait la paix et l'amour entre les peuples.

Biographie d'O Sensei : Biographie de Maître Ueshiba Morihei

MINAKATA Kumagusu (1867 / 1941)

MINAKATA Kumagusu, était originaire de Wakayama. Morihei UESHIBA rencontre en 1908, ce fervent défenseur de l'environnement, lors de son action de préservation de la région de Tanabe contre une industrialisation anarchique. C'est lui qui lui fit prendre conscience de l'intérêt de préserver l'environnement et de considérer le monde comme une unité. Il incita Ueshiba à étudier avec sérieux.

C'était un chercheur reconnu en sciences naturelles et sciences humaines. A 19 ans, il quitte le Japon pour aller étudier plusieurs années aux U.S.A., Cuba et en Angleterre. Ses travaux et publications lui valurent la reconnaissance de l’intelligentsia britannique. En 1900, après 14 ans d'absence, il rentrera au Japon sans diplôme.

C'était un intellectuel autodidacte, scientifique, folkloriste, environnementaliste, philosophe... Minakata Kumagusu était un homme universel, dont l’esprit brillant et pénétrant ne connaissait pas de frontières. Doté d’une mémoire prodigieuse et d’une vive intelligence, il avait une excellente maîtrise de l’allemand, de l’anglais, de l’espagnol, du français, de l’italien et du latin, et une connaissance fonctionnelle du grec ancien, du sanskrit et de l’hébreu, sans parler du chinois classique.

Son secteur principal de recherche – les moisissures visqueuses (appelées scientifiquement « myxomycètes ») et les plantes cryptogames – relevait de la botanique, mais il est aussi connu pour son travail créatif et novateur dans le domaine des sciences humaines, particulièrement l’anthropologie et les études sur le folklore.

En 1906, Minakata s’est lancé dans une croisade contre la politique de regroupement des sanctuaires adoptée par le gouvernement. La fermeture de milliers de petits sanctuaires locaux livrerait ces forêts à l’abattage et à l’exploitation. Minakata, qui craignait la destruction de ce précieux habitat naturel, s’engagea dans un combat acharné contre le regroupement des sanctuaires.

Grâce aux efforts infatigables de Minakata, le projet finit par être abandonné quelques années plus tard, préservant ainsi d’innombrables forêts de Wakayama. Au nombre de ces sauvetages, figure l’île de Kashima, au large du littoral de Tanabe. Cette île, riche en plantes rares, a été inscrite au patrimoine naturel en 1935. Quelques années plus tôt, Kashima avait été le théâtre d’un épisode clef de la vie de Minakata.

Au printemps 1929, il lui fut demandé de faire un exposé à l’empereur Shôwa – lui-même étudiant passionné des mousses visqueuses – à l’occasion de la visite du monarque à Wakayama. C’était un honneur sans précédent pour un roturier. Le 1er juin, Minakata prononça son allocution sur le vaisseau impérial Nagato, ancré au large du littoral de Kashima, et présenta à l’empereur un jeu d’échantillons emballés dans des boîtes de bonbons vides. Ce fut l’apothéose de sa vie.

Minakata Kumagusu mourut en 1941, à l’âge de 75 ans. Aujourd’hui plus que jamais, il est vénéré non seulement pour les résultats remarquables qu’il put obtenir en tant que pionnier de la botanique, de l’écologie, de l’anthropologie et de l’étude du folklore, mais aussi en tant que franc-tireur doté d’une force et d’une pureté d’esprit qui lui ont permis de vivre sa vie conformément à ses choix. Depuis quelques années, ses écrits, notes et réflexions font l'objet d'intenses études.

TAKEDA Sokaku (10 octobre 1859 / 25 avril 1943)

Maître TAKEDA Sokaku est né à Aizu, dans l’actuelle préfecture de Fukushima, le 10 octobre 1859. Il était le second d’une famille de quatre enfants. Dans un pays de redoutables samouraïs réputés pour leur dextérité au combat, ceux d’Aizu comptaient parmi les plus féroces. Très tôt dans sa jeunesse, les parents de Sokaku lui ont inculqué une éducation martiale très rude, tandis que son apprentissage de la culture, la lecture et l’écriture étaient totalement négligés (il n’a jamais su ni lire, ni écrire).

Son père, Takeda Sokichi, avait participé à de nombreuses batailles. Il avait étudié la lance de l’école Hozoin, le bâton et le Kenjutsu, mais préférait le sumo. Sokaku a donc appris de son père et de son grand-père le Daito-ryu Jujutsu (Ecole du Grand Est), la lance, le Bo et le Kenjutsu. Il pratiqua également le Kenjutsu de l’école Ono-ha Itto-ryu au Yokikan Dojo avec le maître SHIBUYA Toma.

A la Restauration Meiji de 1868, les clans des samouraïs doivent se ranger au côté de l'Empereur ou bien celui de leur Shogun. Luttant pour un Japon traditionnel, le clan Aizu est l'un des derniers à résister à l'armée de l'Empereur. Il finit par tomber.

De nombreux samouraïs se donnent la mort, et Sokaku aurait été contraint au suicide rituel (seppuku) en même temps que la Byakko-tai, « l’Armée des fils d’Aizu », s’il avait été plus âgé (il n'avait que neuf ans).

Après la mort de sa mère, alors qu’il était âgé de treize ans, le jeune Sokaku convainquit son père de le faire entrer en tant qu’élève à domicile chez SAKAKIBARA Kenkichi pour étudier le Jikishinkage-ryu. Auprès de l'ami de son père, il étudia le Kenjutsu, le Bo, la lance, le tir à l’arc, le kusarigama (faucille munie d’une longue chaîne), le naginata (hallebarde), les shurikens (armes de jet).

Ensuite, il passera toute sa jeunesse à défier de nombreux maîtres, participer à des combats de rue, cherchant la moindre occasion pour polir sa technique, déjà redoutablement efficace pour un jeune homme de cet âge. Il mène ainsi une vie de shugyosha, d’étudiant errant. Il reçut également l’enseignement de Maître MOMONOI Shunzo, avec qui il a approfondi son étude de l’escrime.

En 1875, Takeda Sokaku est contraint de retourner à Aizu pour prendre une charge héréditaire de prêtre. Il rendit donc visite à SAIGO Tanomo, haut dignitaire du clan Aizu, qui était artiste et prêtre shinto sous le nom de HOSHINA Chikanori. SAIGO Tanomo, était également détenteur de l'art martial secret du clan Aizu, le Oshiki-uchi, dont les techniques remonteraient à l’Aiki-In-Yo-Ho de Minamoto Yoshimitsu, seigneur de la province de Kai (XIIe siècle).

— SAIGO Tanomo —

Là, ce jeune et brillant samouraï est remarqué par SAIGO Tanomo qui était à la recherche d'un successeur pour pérenniser l'art du Oshiki-uchi. Finalement, Takeda se consacra à l'étude de cet art martial. A la mort de son maître en 1905, Takeda devient l'héritier de l'Oshiki-uchi qu’il combina avec d’autres disciplines qu’il maîtrisait, notamment le sabre du Ono-ha Itto-ryu, la lance du Hozoin-ryu... Takeda commence à enseigner un système qu’il appelle au départ Yamato, puis il baptise son nouvel art : Daito-ryu Aiki-jujutsu.

Vers 1888, Takeda, alors âgé de trente ans, commence à se forger une solide réputation de grand maître d’arts martiaux. Sa petite taille et son aspect frêle ne l’empêchent pas de se défaire aisément de n’importe quel adversaire. Décidé à donner un cours moins marginal à sa vie, il se marie et bâtit une maison. Malheureusement, sa femme meurt à son deuxième accouchement. Takeda laisse alors ses enfants chez ses proches parents, et reprend sa vie errante.

Takeda se déplaçait souvent, car sa vie mouvementée lui avait donné l’occasion de se faire de nombreux ennemis ; si bien qu’il vivait en permanence dans une paranoïa excessive et avait toujours une attitude méfiante, même envers ses proches. De 1898 jusqu’à sa rencontre avec UESHIBA Morihei en 1915 en Hokkaido, Takeda voyageait à travers tout le Japon, vivant des cours particuliers et des séminaires qu’il dispensait. Vers 1911, il est sollicité par la police pour donner des cours aux officiers ; c’est pour cette raison qu’il part en Hokkaido, alors qu’il atteint la cinquantaine.

Lors d’un séjour à Engaru en 1915, Morihei rencontre Takeda Sokaku et devient son élève. Cette rencontre marquera définitivement le futur fondateur de l’aïkido, qui apprendra avidement aux côtés de ce maître époustouflant par sa technique.

DEGUCHI Onisaburo (1871 / 19 janvier 1948)

Le destin de Morihei UESHIBA a été également marqué par sa rencontre avec Onisaburo DEGUCHI, un homme original qui aura une grande influence spirituelle sur lui.

En 1919, Morihei, alors installé en Hokkaido, prend la route pour rejoindre son père mourant à Tanabe. C’est en chemin qu’il apprend l’existence d'un mouvement religieux, l'Omoto-kyo et prend contact avec le guide de ce mouvement, Onisaburo Deguchi (de son vrai nom Kisaburo Ueda).

Onisaburo Deguchi naquit en 1871 dans une famille ruinée par le père, qui jouait souvent. Il a donc été élevé par sa grand-mère, une femme cultivée qui avait en particulier étudié le kototama, notion qui deviendra plus tard très importante. Il était vif et intelligent.

Lorsqu’en 1893 son père décéda, il plongea dans une grande crise spirituelle. Un jour, il fut pris de transe et reçut une "illumination". A partir de ce moment, il se consacra à la spiritualité et étudia le Chikon-Kishin auprès de Otate Nagasawa.

Ses pérégrinations lui permirent de rencontrer Nao DEGUCHI (1837/1918), fondatrice de la  religion Omoto-kyo ; ces deux personnages décidèrent alors d’unir leurs actions.

A la mort de Nao en 1918, Onisaburo Deguchi prit la relève pour diriger le mouvement. Onisaburo était instruit, très prolixe dans la composition de poèmes : il en a écrit plus de six-cent-mille, en plus d’ouvrages importants dans lesquels il étudie le kototama. Ainsi, c’est de ce curieux mais charismatique personnage que Morihei Ueshiba a hérité sa pratique de la méditation Chikon-Kishin et du Kototama, en plus d’une vision shintoïste très prononcée dans la pratique de l’aïkido et la perception de l’Univers.

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